Du script … à la bande dessinée

En octobre-novembre 2008, lorsque deux éditeurs m’ont aimablement proposé de réaliser une Bande Dessinée de « Reflets d’Acide », j’ai commencé par douter de la pertinence d’une telle expérience (cf. Présentation du Tome 1) ! Quatre ans après, je dois bien avouer que je ne regrette pas ce choix d’autant plus, qu’à l’occasion des dédicaces, je peux vous rencontrer : la BD m’aura en effet fait sortir de ma tanière !

Je m’en vais donc, de ce pas, lever un peu le voile sur mes premiers pas dans cette voie dont l’usage de ma voix ne me sert pas… puisque c’est du dessin ! (*CQFD – Logique implacable… tout ça, tout ça…*)

Déjà, il a fallu que le courant passe avec Fab ! *Drrrzzzzt* Non non, ce n’est pas un « coup de foudre », je n’étais pas intéressé mais il a su me proposer, en quelques semaines, le design des personnages principaux dans un style semi-réaliste qui m’a séduit ! Ce n’était d’ailleurs pas vraiment gagné, car, de mon côté, j’ai toujours eu plus d’affinités avec le style « gros nez » alors que Fab pouvait s’enhardir d’un style plus « manga ». Mais, à la croisée des chemins, il a su trouver un équilibre qui s’affine au fur et à mesure de l’aventure !

NB : la vision des personnages ne pourra jamais faire l’unanimité ! J’aime à souligner qu’une adaptation est une « proposition » : l’audio précédant le visuel,  l’imagination de chaque auditeur prècède la BD ! Du coup, on vous propose et vous disposez !

Comme l’histoire que nous allions adapter était déjà écrite (*Evidence implacable, le retour… 2 !*), je me suis proposé pour le « découpage »… et j’ai donc mis candidement le doigt dans une approche « scénaristique » du support !

– Déjà, une adaptation au format s’impose : une BD classique se compose de 46 planches, pas une de plus… J’ai donc commencé par reprendre le texte brut et à le scinder le plus efficacement possible, ce qui implique une notion essentielle : « la chute » (ou « cliffhanger ») ! Ainsi, il faut soigner et réfléchir à l’intérêt et à la pertinence de la dernière case de chaque planche : cette dernière peut clore une séquence, annoncer une découverte ou laisser un moment de suspens…! À ce découpage en 46 planches, il faut intégrer aussi la notion de « chute » au niveau de l’album ! Pas simple, notamment lorsqu’on adapte un récit pré-existant et que l’idée est de rester totalement fidèle au scénario « original » ! Le premier album s’arrête donc au milieu de l’épisode 3, sur le pont (… oui, j’ai pensé à un pont entre deux tomes !) Il faut avouer que, jadis, la durée moyenne de mes billevesées audio était dans des normes « acceptables » (le pire est à venir… et il s’appellera le « 15 » !). Le deuxième tome se termine exactement à la fin de l’épisode 5 ; le troisième incorpore entièrement les épisodes 6 et 7 ; le quatrième fera de même avec les épisodes 8 et 9… et après, me direz-vous ?! Eh bien, ça se compliquera beaucoup pour moi !

– Découpage envoyé au dessinateur : n’étant pas DU TOUT doué pour le dessin, il serait affreux et ignominieux que je tente une incursion dans ce domaine nécessitant talent et efforts en proposant des story-boards ridicules… Fort heureusement pour moi, Fab se contente d’un « plan » de la planche, c’est-à-dire d’une image au format A4 dont j’ai délimité les cases en les numérotant. Un descriptif plus ou moins long précède les dialogues, lesquels se retrouvent organisés case par case… Voici un script de ce que j’envoie à Fab, lequel doit donc, à partir de ces ébauches d’idées, « remplir les cases » ! Il peut tout à fait ne pas retenir une idée de mise en scène que j’aurais pu lui proposer et c’est bien normal : concrétiser visuellement une situation demande une appropriation de la scène ! Une fois la planche réalisée, Fab nous la renvoie, à l’éditeur et à moi-même : ainsi, on peut lui faire part de nos bémols (rares !) et/ou de notre enthousiasme (fréquent !) ; selon nos commentaires, il peut ensuite être amené à faire quelques petites corrections. Fab bosse de 8 à 10 heures par jour et il peut réaliser une planche en 2-3 jours… ce qui est un rythme soutenu (et un travail colossal) !

– Titre et quatrième de couverture : je n’ai jamais aimé faire de résumés (du coup, là, en ce moment, croyez bien que j’en souffre…!) et il me faut donc, pour chaque album, réfléchir à une quatrième de couverture laquelle présente au lecteur quelques pans de ce qui lui sera proposé : c’est classique ! Ce qui m’amuse en revanche, ce sont les titres… à partir du deuxième album, j’ai choisi d’utiliser quelques mots « surannés » ! J’espère bien continuer.

– Du trait à la couleur ! Après le boulot colossal du dessinateur vient le boulot de titan du coloriste : Fred Vigneau doit arriver à apporter du relief, des nuances, des ombres, des transparences et des ambiances… on ne dira pas le nombre d’heures qu’il y a derrière tout ça ! Fab et moi sommes toujours soufflés par le soin et le rendu apportés par son travail.
– Les textes dans les phylactères : c’est le travail que s’est alloué Pierre Leoni, notre éditeur ! Cela lui permet de re-contrôler l’ensemble de la BD et de voir si rien ne manque. Bien évidemment, il y a une relecture collective (même ma chérie m’aide à relire)… et il y aura toujours une ou deux coquilles qui resteront à la fin !

Voilà un petit résumé (*Argh… Souffrance… Effroi… Tout ça…*) de la façon dont se construit sur plusieurs mois une BD ! Je ne sais pas si ce petit exposé vous aura intéressé, sachant que j’ai mis de côté les doutes, les soucis techniques et autres aléas qui viennent parsemer tout parcours… mais je souhaitais expliquer en toute simplicité, quelques étapes de cette expérience ! Ce n’est là que le témoignage d’un béotien en la matière (bah oui… « moi » !) qui a la chance de participer à cette aventure : de l’audio à l’image !

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